PREFACE
Il n'est donc point ici de notre propos de réécrire mal ce que Fernand Labatut a si bien rédigé grâce à son excellente connaissance des sources historiques, qu'elles soient archivistiques ou littéraires, et des lieux où se situe l'histoire qu'il nous narre.
Il s'agit là de deux points importants, qui méritent qu'on s'y arrête. Fernand Labatut me semble avoir consulté et parfaitement utilisé l'ensemble des sources actuellement disponibles, tant publiques que privées. Nous devons l'en féliciter, car il a été fidèle à une manière de travailler sérieuse et consciencieuse à laquelle nous sommes malheureusement peu habitués.
Fernand Labatut est par ailleurs un excellent géographe. Sa formation en la matière date de l'époque où l'enseignement conjoint de l'histoire et de la géographie passait pour être indissociable. Aussi avons-nous lu avec grand intérêt le chapitre 1er de son ouvrage, Les paysages. L'occupation de l'espace, qui nous apprend beaucoup sur ce qu'était la région en 1789 et dont nous pensons qu'il est d'une très bonne venue.
L'ensemble de la première partie, La Teste en 1789, nous a d'ailleurs particulièrement retenu. Elle nous donne en effet une excellente description d la veille de la Révolution des lieux, des habitants, des structures. Et elle nous expose très clairement les antagonismes qui dominent la période considérée - et bien au-delà – et qui motiveront les clivages politiques qui marqueront la constitution et les activités des deux municipalités de La Teste de 1789 à 1794.
Il est en effet intéressant de voir que les prises de position parfois très antagonistes trouvent leur origine dans ce que les uns et les autres souhaitent que devienne la Forêt, plus exactement dans ce qu'ils souhaitent retirer eux-mêmes de la Forêt. Les partisans de la forêt usagère l'emportèrent dans la municipalité élue le 6 septembre 1789; les propriétaires, les ayant-pins, les supplantèrent lors des élections du 30 décembre 1792.
Cette distinction dans la propriété de la forêt explique à elle seule les choix politiques qui ont parfois essayé de se raccrocher aux grandes options nationales, Montagnards et Girondins, chaque clan que dirigeaient bourgeois et gens aisés essayant de trouver en dehors de La Teste, de Paris ou de Bordeaux, les secours qui lui paraissaient nécessaires pour faire triompher son point de vue.
A cet égard, nous apprenons beaucoup en lisant ce volume qui nous fait espérer que d'autres travaux, bientôt, s'occuperont d'autres périodes chronologiques encore peu ou mal connues.
Jean VALETTE Directeur des Archives de la Gironde |