(les livres sont classés par ordre alphabétique d'auteur)
Balde Jean
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Titre du livre : Le Goéland
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Editeur : Plon Réédition L'Horizon chimèrique
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Date de parution : 1926 1992
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Nombre de pages : 252
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Jean Balde - de son vrai nom Jeanne Alleman - est née à Bordeaux en 1885. Celle que l'on a appelée "la George Sand girondine", est morte en 1938, après avoir été décorée de la Légion d'Honneur, par son ami François Mauriac. Sa vie fut teintée d'amertume, malgrè de nombreuses amitiés dans le cénacle littéraire bordelais, et un grand amour idéalisé et perdu pour le poète André Lafon, mort au champ d'honneur pendant la guerre de 14-18 . Jeanne vivra désormais comme "la Survivante" (titre de l'un de ses livres), et se réfugiera dans l'écriture. L'un de ses meilleurs romans "le Goéland", est consacré aux pêcheurs et aux parqueurs du Bassin d'Arcachon, notamment ceux d'Arès. Pendant de longs mois, Jean Balde partagea leur vie quotidienne. " Pour mieux me pénétrer de la véritable poésie du Bassin, écrira-t'elle , il m'a fallu du temps. J'ai pataugé avec eux sur les parcs, et partagé en toutes saisons leurs veillées nocturnes, leurs travaux, l'attente de la marée.J'ai levé avec eux les filets, chaussé les patins de bois. Blottie sous la voile repliée en forme de tente sur l'épine dorsale du mât , j'ai guetté le lever du jour. Si je pouvais revivre une période de ma vie, je voudrais que ce fût celle-là." Son livre reflète une attention sincère pour un pays et des hommes dont elle cherche à cerner l'identité sans complaisance, avec une sorte de tendresse lucide. Ici, l'interêt est ailleurs que dans le drame individuel d'un enfant naturel caché par sa mère chez des parqueurs d'Arès, car Jean Balde se montre peintre autant qu'écrivain : ses pages sont composées à petites touches où chaque détail est enregistré par un oeil sensible et scrupuleux. Le roman décrit avec une précision quasi ethnographique, la vie des travailleurs de la mer du Bassin d'Arcachon, au début du vingtième siècle. |
Extrait du "Goéland"
L'hiver est pour les parqueurs la saison du travail ininterrompu. ; il faut remuer les huîtres qui s'enterreraient peu à peu. Trop serrées elles deviennent minces comme on voit un semis épais de carottes allonger ses tiges anémiées. D'octobre au printemps, toute une population ne s'arrête pas de trier, de compter et séparer à coups de couteaux les coquilles qui poussent soudées en un bloc. Dur travail: hommes et femmes besognent dans l'eau. Les allées et venues sont continuelles entre le port et les parcs disséminés sur des bancs de sable et de vase. le long des chenaux. C'est un labeur de Danaïdes, d'aller chercher les huîtres et de les rapporter. Certaines de ces concessions sous-marines sont si éloignées, qu'il faut ramer des heures pour y arriver. La mer ne les découvrant que pour peu de temps, la longue manutention doit se faire à terre.. Comme il s'agite, ce petit peuple de marins, dont la flotille de jonques noires revient au port avec la marée ! Anes et chevaux traînant des charrettes entrent dans l'eau pour se porter au devant des pinasses appesanties. Les lourdes charges sont peu à peu ramenées sur la plage ou sous les hangars. C'est un brouhaha de foire autour de la jetée....." |
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